Colin Niel
Les Hamacs de carton

Dans le petit village de Wetisoula, sur la berge du fleuve Maroni qui fait partiellement office de frontière entre le Suriname et la Guyane Française, les corps de Thélia Apanaga et ses deux enfants Justin et Tobie sont retrouvés inanimés. Quelques indices laissent à penser que ce n’est pas une mort naturelle. Le lieutenant Vacaresse et son capitaine Anato se rendent alors sur les lieux du crime pour tenter de comprendre ce qui c’est passé.

Vacaresse et Anato ne travaillent ensemble que depuis quelques mois et leur relation est compliquée. “Vacaresse avait surtout découvert un patron insaisissable”. “Il n’arrivait pas à le cerner”. Quand Anato lui demande de rester au village quelques jours pour enquêter, Vacaresse prend ça tout d’abord pour un affront. Comment expliquer cette mission à sa femme Mathilde qui supporte mal ses absences ? Anato quant à lui comprenait mal “la sensation de malaise qu’il ressentait depuis son arrivée à Wetisoula”. “Malgré sa couleur de peau, aucun des villageois n’avaient compris qu’il était lui aussi originaire du fleuve Maroni”. Cette enquête est alors un moyen pour lui de marcher sur les traces de ses ancêtres et parents Ndjuka, de tenter de comprendre d’où il vient. De retour à Cayenne, Anato s’enfonce dans les méandres d’une histoire compliquée qui l’amène à rencontrer Olivier au lourd passé judiciaire et sa jeune compagne Monique qui rêve juste de vivre normalement en toute légalité. Mais les rouages administratifs pour les Noirs-Marrons sont lents et compliqués, et les gens impliqués parfois mal-intentionnés. Au village, le temps s’écoule lentement, , Vacaresse découvre les croyances et traditions des Noirs-Marrons, les rites funéraires, le long chemin qui conduit les morts vers les ancêtres ou vers le néant.

Les Noirs-Marrons sont les descendants d’esclaves africains révoltés ou enfuis des plantations avant l’abolition de l’esclavage. Ainsi, le poids de leurs origines est lourd et, entre les différents peuples, l’harmonie est difficile à trouver. On côtoie ici alors celles et ceux qui travaillent corps et âme pour s’en sortir, qui rêvent d’une nouvelle vie, pour qui les frontières sont un frein à leurs envies.

Les Hamacs de coton de Colin Niel, aux Editions Babel, 369 pages.